Trahie (Sylvain Runberg – Joan Urgell – Karin Alvtegen – Editions Dargaud)

Les polars suédois ont toujours la cote auprès des éditeurs de bandes dessinées. Après l’adaptation de « Millenium » chez Dupuis puis « La Princesse des Glaces » chez Casterman, c’est au tour des éditions Dargaud de sortir leur version BD d’un best-seller venu du Nord de l’Europe. Cette fois, le thriller en question s’appelle « Trahie » et a été écrit par Karin Alvtegen. Une scénariste et romancière qui a de qui tenir puisqu’elle est la petite-nièce d’Astrid Lindgren, la créatrice du personnage de Fifi Brindacier. L’adaptation de « Trahie » est signée par le scénariste Sylvain Runberg (le même qui avait déjà adapté « Millenium ») et le dessinateur espagnol Joan Urgell. Dans le premier des deux tomes, qui vient de sortir en librairie, Runberg et Urgell prennent leur temps pour mettre en place les morceaux du puzzle, en faisant progressivement monter la tension. Ce n’est que vers la fin de cette première partie que le lecteur comprend enfin les liens qui unissent les différents personnages, que ce soit Eva, la femme trompée prête à tout pour se venger de son mari, Linda, la maîtresse d’école adorée et a priori irréprochable, ou encore Jonas, un brave type qui veille sur sa compagne plongée dans le coma mais qui semble cacher un lourd secret… Autant le dire tout de suite: « Trahie » est loin d’être un album parfait. La couverture est incompréhensiblement hideuse, les dessins manquent parfois de précision et le récit met vraiment beaucoup de temps à démarrer. Mais par contre, une fois qu’on est pris par l’histoire, l’efficacité de l’intrigue imaginée par Karin Alvtegen reprend le dessus et on est irrésistiblement séduit par la dimension très psychologique du récit. Les faux-semblants et rebondissements sont parfaitement maîtrisés par Sylvain Runberg, dont le scénario prend un malin plaisir à jouer avec nos nerfs… Du coup, on regrette forcément que l’éditeur ait choisi de diviser cette adaptation BD de « Trahie » en deux tomes. Cela dit, d’un point de vue marketing, c’est évidemment finement joué puisque comme pour toute bonne série, on a très envie de connaître la suite, même si ce n’est pas un chef d’oeuvre. Décidément, il semble que les Suédois aient trouvé le mode d’emploi des bons thrillers. Il faut dire qu’ils s’y connaissent en modes d’emploi… au pays d’Ikea!