La jeunesse de Thorgal tome 3 – Runa (Roman Surzhenko – Yann – Editions Le Lombard)

Les amateurs de Thorgal ne savent plus où donner de la tête. Entre la série-mère, dont les scénarios seront désormais assurés par Xavier Dorison (ce qui est plutôt prometteur), et les trois séries dérivées (« Kriss de Valnor », « Louve » et « La jeunesse de Thorgal »), les albums et les intrigues se multiplient depuis quelques années, avec aux manettes de multiples dessinateurs et scénaristes. Résultat: on frôle la saturation, d’autant plus que toutes ces histoires et séries sont loin d’être du même acabit. Faut-il tout jeter pour autant? Non, certainement pas. En réalité, s’il ne fallait lire qu’une seule des trois séries dérivées, le mieux serait d’opter pour « La jeunesse de Thorgal ». Scénarisée par l’expérimenté Yann et dessinée par le très talentueux Roman Surzhenko (un jeune dessinateur russe qui parvient sans mal à se hisser au niveau de Rosinski), c’est-à-dire le même duo que pour « Louve », cette série est clairement la « spin-off » de Thorgal la plus réussie. On l’avait d’ailleurs pressenti dès la sortie du premier tome il y a deux ans. Il faut dire aussi que le point de départ de « La jeunesse de Thorgal » est particulièrement accrocheur, puisque cette série raconte la genèse de l’histoire d’amour entre Thorgal et Aaricia, l’un des couples les plus mythiques de l’histoire du neuvième art.

Après un premier diptyque dans lequel le jeune Thorgal avait défié les dieux pour venir en aide aux soeurs Minkelsönn, changées en baleines par la déesse Frigg, l’album « Runa » inaugure un nouveau cycle dans « La jeunesse de Thorgal ». Le charme de cette série vient notamment du fait que son action se situe essentiellement dans le village viking de Thorgal et Aaricia, comme au début de la série-mère, ce qui permet à Yann et Surzhenko de s’en donner à coeur joie pour nous montrer les us et coutumes des vikings. Dans « Runa », tout le village est rassemblé pour le Sumarblôt, la grande fête qui célèbre la fin de l’hiver et le début de l’été. Le roi Gandalf-le-Fou, le père d’Aaricia, a invité des valeureux chefs de clans à cette fête et compte bien profiter de l’occasion pour marier sa fille à un riche « Bondi » ou un puissant « Jarl », un seigneur qui lui apportera du prestige, des terres ou du pouvoir. Il a même en tête un homme très précis, puisque son objectif est qu’Aaricia épouse Nigürd Holgersön, le fils du plus riche et plus puissant « Jarl » du Nord, au physique plutôt ingrat. Mais Aaricia ne l’entend pas de cette oreille, puisque depuis toujours, son coeur ne bat que pour Thorgal… qui ne fait évidemment pas partie des prétendants envisagés par son père, étant donné qu’il n’a ni gloire ni fortune. Heureusement, les plans de Gandalf vont être contrecarrés par l’arrivée d’une trouble-fête inattendue: Runa, une « Skjaldmö », c’est-à-dire une mercenaire errante. Dans la tradition viking, cette vierge guerrière est autorisée par son statut à participer aux festivités du Sumarblôt, au grand mécontentement de Gandalf-le-Fou. Et celui-ci a raison de se méfier, puisque Runa et ses hommes ne tardent pas à ridiculiser le roi viking et mettre le village sens dessus dessous, plongeant ainsi une nouvelle fois le valeureux Thorgal dans une aventure périlleuse pour sauver sa bien-aimée. Par Odin et par Thor, on a hâte de découvrir la suite de ce récit, mené de main de maître par le tandem Yann-Surzhenko!