« On est à la Mondaine ici, pas chez Chanel! »
29 février 2014 par matvano
La Mondaine tome 1/2 (Jordi Lafebre – Zidrou – Editions Dargaud)
Zidrou est l’un des scénaristes les plus prolifiques de ces dernières années. Ayant fait ses premiers pas dans la BD au début des années 90, cet ancien instituteur a signé depuis lors des dizaines et des dizaines d’albums, dont ceux de « L’élève Ducobu » et « Tamara », qui sont sans doute ses deux séries les plus connues. Désormais , il multiplie également les « one-shots » et les scénarios plus adultes. Il suffit de penser à des histoires telles que « Le client », « Le beau voyage » ou « Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes? », tous trois parus en 2013. Il y a quatre ans, Zidrou s’était associé au dessinateur catalan Jordi Lafebre pour le roman graphique « Lydie », l’histoire d’une jeune fille simple d’esprit confrontée à la disparition de son bébé. Le succès de cet album a amené le tandem Zidrou-Lafebre à se reformer pour « La Mondaine », un diptyque dont le premier tome vient de paraître chez Dargaud. Une histoire qui plonge le lecteur dans le quotidien plutôt sordide de la brigade des moeurs à Paris dans les années 30. Le héros principal de « La Mondaine », c’est l’inspecteur Aimé Louzeau, un jeune homme un peu gauche qui vient de troquer la brigade criminelle pour la brigade des moeurs. Ce transfert amène rapidement le jeune homme à découvrir toutes les perversions dont sont capables les hommes, de « abus » à « zoophilie », comme lui sourit son collègue Granpin en lui donnant à étudier « le petit lexique illustré de la maison ». La force de l’album « La Mondaine », ce sont incontestablement ses personnages. A commencer bien sûr par Aimé, un héros pour le moins atypique: tout en passant désormais ses journées avec des prostituées et des déviants sexuels, il habite en effet toujours avec sa maman. Et puis surtout, il est le fils d’un prêtre défroqué ayant basculé dans la folie. Un parcours peu banal! Les autres membres de la brigade des moeurs valent, eux aussi, le détour. En particulier l’inspecteur principal Séverin, un vieux policier un peu bourru ayant des faux airs de Maigret, la moustache en plus. Mais la comparaison entre les deux hommes s’arrête là car Séverin est féru de vélo et surtout, il est loin d’être toujours aussi honnête que le célèbre personnage de Simenon. « Vous vouliez humer, Louzeau? Eh bien, venez humer! Mais je vous préviens: ça sent plutôt le fond de bidet. On est à la Mondaine ici, pas chez Chanel! », dit-il à sa nouvelle recrue, dans un dialogue digne des films de Michel Audiard. Avec ses personnages et ses échanges verbaux truculents, « La Mondaine » a donc tout pour être une belle réussite. Un petit bémol néanmoins: même s’il est très habilement mis en image par le dessin délicat de Jordi Lafebre, dont la force est de suggérer plutôt que de montrer, « La Mondaine » révèle une face beaucoup plus sombre de Zidrou que celle de ses scénarios pour enfants. Sombre et parfois même dérangeante. C’est ce côté un peu « too much » qui fait de ce premier tome une histoire prometteuse, mais pas encore totalement convaincante. Espérons que le deuxième volet achèvera de nous séduire tout à fait.
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