Tyler Cross, un héros de bande de ciné
225 septembre 2013 par matvano
Tyler Cross (Brüno – Fabien Nury – Editions Dargaud)
Vous hésitez entre lire une bonne BD ou aller au cinéma? Avec Tyler Cross, plus besoin de choisir: vous êtes à la croisée de la bande dessinée et du cinéma. Dans cet album, dont la couverture à elle seule est déjà très cinématographique, le scénariste Fabien Nury (« Il était une fois en France ») et le dessinateur Brüno réussissent l’exploit de plonger leurs lecteurs dans une ambiance digne des meilleurs films hollywoodiens, quelque part entre un bon vieux western et un Tarantino bien noir. Dès les premières pages, on plonge avec délice dans l’atmosphère du fleuve Rio Bravo et des grands espaces américains, grâce notamment à des cases aussi larges qu’une toile de cinémascope et à des personnages savoureux sortis tout droit d’un vieux film de gangsters. A commencer par Tyler Cross, un braqueur professionnel qui ne perd jamais son sang-froid ni son chapeau. Au début de l’album, celui-ci accepte une mission qu’il croit être facile: le vieux Di Pietro, un parrain de la mafia, le charge de braquer son propre neveu, Tony Scarfo, afin de remettre ce petit morveux à sa place et, par la même occasion, lui piquer une grosse cargaison de drogue. Accompagné de la vénéneuse CJ, Tyler se dit que son plan ne peut pas échouer mais évidemment, les choses ne vont pas tout à fait se passer comme prévu… Résultat des courses: Tyler Cross va se retrouver coincé avec la came à Black Rock, un bled on ne peut plus paumé du Texas, dirigé par la famille Pragg, une belle brochette de péquenauds devenus riches grâce au pétrole. Il y a tout d’abord les trois frères: Randy Pragg, le shérif vicelard, Lionel Pragg, le banquier pleutre, et William Pragg, le maire un peu neuneu qui va épouser la belle Stella. Et puis il y a le père, Spencer Pragg, un authentique sale type. Sans oublier le vieux garagiste Joe Bidwell, le père de Stella, dont le seul rêve est de se venger des Pragg, qu’il déteste par-dessus tout. Autant dire que Tyler Cross n’a pas vraiment choisi le bon coin en venant se réfugier à Black Rock. On peut même dire que ses ennuis ne font que commencer… Pour le dire clairement, le dessin irréprochable de Brüno et le scénario ciselé de Nury font de « Tyler Cross » une vraie réussite, même si certains reprocheront à cet album un certain manque d’originalité, tant les références aux classiques du polar y sont nombreuses. La mise en couleurs, signée Laurence Croix, est elle aussi très réussie, même si paradoxalement, l’album fonctionne tout aussi bien en noir et blanc, un genre que Brüno maîtrise à merveille, marchant ainsi dans les traces du grand Comès. Pour les amateurs du genre, Dargaud a d’ailleurs sorti une version noir et blanc de l’album en série limitée. Un collector qui plaira à coup sûr aux bédéphiles amateurs de beaux ouvrages.
Un petit bijou…
[…] gangster le plus cinématographique de la BD est de retour. Deux ans après le triomphe du premier tome de « Tyler Cross », récompensé par de multiples prix, voici enfin la suite, […]