La Djinn quitte la scène avec classe
324 janvier 2015 par matvano
Djinn tome 12: Un honneur retrouvé (Ana Mirallès – Jean Dufaux – Editions Dargaud)
« La légende de Jade s’achève ici ». Dans la préface de l’album « Un honneur retrouvé », le douzième tome de la série, Jean Dufaux révèle qu’il s’agit de la dernière apparition de la mystérieuse Djinn. Et on sent qu’elle lui manque déjà. « Elle restera mouvante à jamais dans mon imagination, dans les mots et la magie que lui confère Ana Mirallès », écrit le scénariste, qui rend justement hommage au travail fabuleux de la dessinatrice espagnole. « Par la grâce de son talent, Ana a pu procurer à Jade ce quelque chose de plus qui envoûte et qui échappe à toute technique pour toucher à l’instinct, au regard primitif, à ce battement intérieur qui arrache le dessin au papier », souligne Dufaux. Et on ne peut que lui donner raison, car c’est bel et bien le graphisme raffiné et sensuel de Mirallès qui fait tout le charme de cette série érotico-historique. « Un honneur retrouvé » marque la fin du cycle indien de « Djinn ». On y suit d’un côté l’ambiance feutrée du « Pavillon des Plaisirs », dans lequel les luttes d’influence se jouent avant tout sur le terrain sexuel, et de l’autre côté les événements qui se déroulent en-dehors du palais du Maharadjah, où la révolte gronde de plus en plus contre la colonisation britannique. Mêlant habilement les scènes plus intimistes avec des spectaculaires scènes de batailles, ce douzième tome clôt avec classe les aventures de Jade, Nelson et Miranda, tout en livrant aux lecteurs certains éléments qui permettent de mieux comprendre le cycle africain de l’histoire, et notamment la provenance de la fameuse perle noire que Jade porte à son oreille. Même s’il est paru avant le cycle indien, le cycle africain est, en effet, postérieur au niveau du déroulement du récit. « Un honneur retrouvé » marque-t-il le point final de la série « Djinn »? Non, pas tout à fait, car Dufaux et Mirallès veulent également prendre le temps de clôturer la partie de l’histoire consacrée à Kim Nelson, la petite-fille de Jade, qui était l’un des personnages principaux des deux premiers cycles de la série. « Les Indes ont permis une halte qui est le regard d’un enfant et sa malédiction », explique Dufaux, en faisant référence à Saru Rakti, la petite soeur du Maharadjah, condamnée à avoir éternellement 12 ans. « A cet enfant qui souffre, il sera beaucoup promis. Et pour que cette promesse soit tenue, il faudra l’arrivée de Kim Nelson au palais d’Eschnapur… Ce sera l’épisode suivant, l’ultime, celui qui clôt notre série sur laquelle nous travaillons depuis plus de 10 ans ». A noter que les amateurs de l’élégance du trait et des couleurs d’Ana Mirallès n’ont pas été oubliés par Dargaud, qui vient de rééditer le livre « Ce qui est caché », dans lequel Dufaux et Mirallès retracent la genèse et l’évolution de la série. Un livre qui permet une fois de plus d’admirer toute la finesse du travail de la dessinatrice espagnole, qui parvient mieux que personne à faire vivre l’ambiance du mythique harem d’Istanbul, grâce aux courbes envoûtantes de ses héroïnes de papier. Autre bonus: les éditions Dargaud ont également mis en ligne plusieurs vidéos montrant Ana Mirallès au travail dans son atelier, notamment pour la mise en couleur de la couverture de « Ce qui est caché ».
J’ai lu cet album il y a quelques jours. J’aurais aimé y trouver la magie qui transpire de ta critique. Personnellement, je trouve le dénouement de l’histoire assez fade. Quant au trait de MIrallès, même si je lui reconnais une qualité certaine, je n’arrive pas à succomber à ses charmes. Comme quoi les goûts et les couleurs… Au plaisir de te relire…
j’ai trouvé que ce tome clôturait bien la saga et surtout c’est là que j’ai vraiment compris l’intérêt de le placer après le cycle africain 🙂
Personnellement, j’aime bien quand des auteurs ont le courage de mettre un point final à une saga à succès. Malheureusement, il y a trop de séries qui se traînent en longueur depuis des années…