Le maquis corse a aussi caché des juifs

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11 août 2015 par matvano

L'ILE DES JUSTES

L’Ile des Justes (Stéphane Piatzszek – Espé – Editions Glénat)

Tout a déjà été écrit, ou presque, sur le sort peu enviable des juifs durant la Seconde guerre mondiale. Y compris dans le domaine de la BD. Il suffit de penser à l’incontournable « Maus » bien sûr, mais aussi aux séries remarquables que sont « Il était une fois en France » et « Amours fragiles », pour ne citer que ces trois exemples. Dans « L’île des Justes », le scénariste Stéphane Piatzszek et le dessinateur Espé, qui troque ici les vignobles de sa série « Château Bordeaux » pour les couleurs chaudes de l’île de Beauté, parviennent pourtant à nous surprendre en ressortant de l’oubli un épisode méconnu de l’Histoire, à savoir la fuite de nombreux juifs vers la Corse au moment où la police de Vichy a commencé à multiplier les rafles à partir de 1942. Pour la plupart d’entre eux, la Corse devait servir d’étape vers la Palestine. Sur l’île de Beauté, les juifs n’étaient certes pas à l’abri des policiers français un peu trop zélés qui cherchaient à tout prix à les livrer à l’occupant allemand (y compris les enfants), mais au moins ils pouvaient compter sur le soutien courageux d’une grande partie des habitants de l’île. Il est vrai que ceux-ci ont toujours été des insoumis dans l’âme, que ce soit face à l’administration française ou à l’occupant allemand…

L'ile des Justes (extrait)

Malgré son côté a priori très classique, qui pourrait en rebuter certains (ce qui serait une erreur), « L’île des Justes » est un récit intelligent et pas du tout manichéen, avec des personnages attachants et surtout très humains. Pour le dire simplement, le scénario de Stéphane Piatzszek sonne vrai. Ce qui n’est que logique dans la mesure où il s’agit de la véritable histoire de ses grands-parents, Suzanne et Henri Cohen, ce qui rend le récit d’autant plus émouvant. Alors qu’ils sentent que la situation se dégrade à Marseille, Suzanne et Henri décident de fuir vers la Corse et la Palestine, en compagnie de leur fils Sacha. Mais à cause d’une rafle en pleine nuit, leur plan ne se déroule pas du tout comme prévu. Du coup, seuls Suzanne et Sacha parviennent jusqu’en Corse, à bord d’un petit bateau de pêcheurs sur une mer déchaînée. A son arrivée sur l’île de Beauté, la jeune femme est arrêtée (car en tant que juive originaire d’Algérie, elle a été déchue de la nationalité française depuis 1940), mais heureusement elle réussit à prendre la fuite grâce à la solidarité des insulaires. Mieux même: elle retrouve son fils dans le petit village de Canari, où il avait été mis à l’abri par le prêtre Siméoni. Ce dernier les cache alors dans le vieux moulin, où il les imagine à l’abri. Hélas, peu de temps après, Suzanne et Sacha sont dénoncés par une lettre anonyme adressée au nouveau préfet. Celui-ci décide de se rendre lui-même sur place pour vérifier l’information… A la fois course-poursuite haletante et témoignage historique passionnant, « L’île des Justes » est clairement l’une des bonnes surprises de cet été.

5 réflexions sur “Le maquis corse a aussi caché des juifs

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  2. Malgré ton enthousiasme, je ne suis pas sûr que je me laisse tenter. Au plaisir de te relire…

  3. […] cet album par un autre blog, André, Georges, Edgar, et les autres qui en avait fait une critique (ici) qui m’a (une fois de plus) donné envie d’en faire la commande à ma libraire… […]

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