Warnauts et Raives replongent dans l’Expo 58
220 août 2015 par matvano
Les Jours Heureux tome 1 (Warnauts – Raives – Editions Le Lombard)
Warnauts et Raives. Ces deux noms semblent indissociables, presque comme s’il s’agissait d’une seule et même personne. Il faut dire que cela fait 25 ans maintenant qu’Eric Warnauts et Guy Raives font de la bande dessinée en duo, avec à leur actif une trentaine d’albums, parmi lesquels quelques grands moments tels que « Lettres d’outremer », la série « Les suites vénitiennes » ou encore « L’innocente » (qui vient d’être réédité plus de 20 ans après sa première parution et dont l’héroïne principale, Nina, fait partie des personnages des « Jours Heureux »). Des histoires toutes très différentes, tant au niveau des lieux que des époques, mais qui s’appuient sur une seule et même démarche, à savoir raconter la grande Histoire à travers des histoires d’hommes et de femmes ordinaires. Les bandes dessinées de Warnauts & Raives s’intéressent énormément à l’humain, mais en se situant toujours dans un contexte historique et social bien particulier. C’est ce qui donne un ton assez unique à leurs albums, même s’il faut bien reconnaître que certains d’entre eux sont plus réussis que d’autres. Au niveau du dessin aussi, la méthode des deux Liégeois est unique puisqu’ils dessinent l’ensemble de leurs histoires à quatre mains. Mais cela ne se voit absolument pas! Leur style de dessin très pur et élégant ne trahit à aucun moment qu’il est en réalité l’oeuvre de deux personnes différentes. Cela dit, ils ont tout de même chacun leur spécialité puisque Warnauts prend à son compte les scénarios, tandis que Raives assure la mise en couleurs (pour la petite histoire, il est d’ailleurs aussi le coloriste des albums de Jean-Claude Servais).
Dans « Les Jours Heureux », le nouveau diptyque entamé par Warnauts et Raives, on retrouve les mêmes personnages que dans « Après-guerre », les deux albums consacrés par le duo liégeois à la sortie de la Seconde guerre mondiale. Mieux vaut d’ailleurs avoir lu « Après-guerre » avant d’entamer « Les Jours Heureux » car sinon, on ne comprend pas grand-chose, ce qui est un peu dommage. Dans ce nouvel album, on retrouve Thomas, Lucie, Bénédicte et les autres dix ans plus tard, soit à la fin des années 50. Alors que la page de la guerre est enfin tournée et que Bruxelles vit au rythme de l’exposition universelle de 1958, l’Europe est en pleine période de « Jours Heureux ». Mais cela reste un bonheur fragile, car dans le même temps, la tension monte au Congo et surtout en Algérie. Les deux auteurs ont voulu mettre en lumière cette période que beaucoup considèrent aujourd’hui comme bénie, mais qui n’était pas toujours rose pour autant. « L’objectif de l’Expo 58 était de susciter un élan de fraternité et d’émulation entre les peuples », souligne Guy Raives. « Symbole des débuts de l’ère atomique, de la conquête spatiale, de la télévision et autres avancées technologiques, elle préfigurait aussi une longue période de prospérité, d’insouciance, d’épanouissements socioculturels. C’était l’amorce de ce qu’on appellera les Trente Glorieuses… Il fallut pourtant bientôt déchanter. Dès 1960, cela débouchera pour les Belges sur de violentes émeutes ouvrières et la perte des richesses du Congo. Pour les Français, ce sera les prémices tragiques de la Guerre d’Algérie… » Bien documentée, comme toujours superbement mise en images, « Les Jours Heureux » manque hélas un peu de rebondissements et d’émotion pour que l’on puisse parler d’une BD pleinement réussie. Trop de mots, mais pas toujours assez d’action. Cela dit, on peut compter sur Warnauts et Raives pour rattraper le coup dans le tome 2.
[…] Les Jours Heureux tome 1 (Warnauts – Raives – Editions Le Lombard) Warnauts et Raives. Ces deux noms semblent indissociables, presque comme s'il s'agissait d'une seule et même personne. Il faut dir… […]
Ce sont deux auteurs que je n’ai jamais pris le temps de découvrir. Au plaisir de te relire…