La seconde jeunesse d’un classique de la science-fiction
Poster un commentaire16 mai 2013 par matvano
Niourk tome 1: L’enfant noir (Olivier Vatine – Editions Ankama)
Il est assez fréquent de voir des éditeurs de BD se diversifier dans le jeu vidéo, histoire d’offrir de nouveaux horizons à leurs personnages les plus populaires. Par contre, il est beaucoup plus rare de voir un éditeur de jeux vidéo se lancer dans l’édition de bandes dessinées. C’est pourtant ce que fait la société française Ankama, connue des initiés pour ses jeux en ligne Dofus et Wakfu, depuis 2005. Il y a quelques mois, Ankama s’est associée à Comix-Buro pour démarrer un nouveau projet éditorial ambitieux, à savoir l’adaptation en BD de l’ensemble des romans de science-fiction de Stefan Wul. Qui ça? Bon d’accord, reconnaissons-le: Stefan Wul n’est pas l’auteur le plus connu de la littérature française. Mais ce n’est pas un anonyme pour tout le monde. Au contraire: les amateurs du genre le considèrent même comme un des pères de la science-fiction française. Il faut dire que les 11 romans publiés par Pierre Pairault (le véritable nom de Stefan Wul) entre 1956 et 1959 ont fortement marqué les esprits de toute une génération de lecteurs, y compris des auteurs de BD célèbres tels que Moebius, Mézières ou Druillet. Manifestement, Stefan Wul inspire aussi des auteurs de la génération actuelle. A commencer par Olivier Vatine, surtout connu jusqu’ici pour la série « Aquablue », qui a inauguré il y a quelques mois la collection « Les univers de Stefan Wul » avec l’adaptation du roman « Niourk ». Dans « L’enfant noir », le premier épisode de cette adaptation, on a l’impression que l’action se situe à l’ère préhistorique mais en réalité, l’histoire se déroule à une époque post-atomique. Plusieurs siècles après qu’une catastrophe nucléaire ait asséché les océans, quelques tribus survivent en effet à l’état sauvage au milieu d’un relief dont seuls les noms rappellent encore la Terre d’autrefois (« La tribu avait élu domicile dans la vaste dépression située entre la chaîne Cuba au Nord, les monts Haït à l’Est et les lointains contreforts du massif Jamaï »). « Niourk » s’intéresse plus particulièrement à la horde de Thoz, dont fait partie l’enfant noir qui donne son nom à l’album. Ce dernier est rejeté par le vieux sorcier de la tribu, qui le condamne même à mort. Mais le destin de l’enfant va basculer lorsqu’il se rend à Niourk, une ville considérée comme sacrée par la horde de Thoz, alors qu’elle n’est en réalité constituée que de ruines et de vestiges de l’époque pré-apocalypse nucléaire. Le moment où l’enfant noir découvre avec stupéfaction un centre commercial abandonné est un des passages les plus réussis du livre, de même que celui où les membres de la tribu se réjouissent d’avoir le ventre qui brille après avoir mangé un poulpe mutant radioactif. Classique de la science-fiction, « Niourk » était un peu tombé dans l’oubli ces dernières années. On ne peut que féliciter Ankama et Olivier Vatine de lui accorder une seconde jeunesse. A noter que deux autres albums sont déjà sortis dans la collection « Les univers de Stefan Wul », à savoir les tomes 1 de « Oms en série » et de « Piège sur Zarkass ». Les amateurs du genre vont se régaler. Quant à ceux qui sont plutôt hermétiques à tout ce qui est « space opera », ils feraient sans doute mieux de passer leur chemin.