Le nouvel Astérix est la copie conforme de l’ancien
229 octobre 2013 par matvano
Astérix chez les Pictes (Jean-Yves Ferri – Didier Conrad – Editions Albert René)
Il faut vraiment être sourd et aveugle, ou totalement dans la lune, pour ne pas avoir entendu parler de la sortie du nouvel Astérix. On a rarement vu un tel battage médiatique autour de la sortie d’un album de bande dessinée. Il faut dire que l’événement est de taille: pour la première fois depuis la création du célèbre petit Gaulois en 1959, cette nouvelle histoire n’est signée ni par René Goscinny (décédé en 1977) ni par Albert Uderzo (qui avait pris le relais tout seul depuis lors), mais par le scénariste Jean-Yves Ferri et le dessinateur Didier Conrad. Un tandem particulièrement expérimenté puisque ces auteurs (tous deux nés en… 1959) ont déjà à leur actif des dizaines d’albums, notamment « Le retour à la terre » et « De Gaulle à la plage » pour Ferri et « Les Innommables » pour Conrad. Autant dire qu’Uderzo n’a pas pris de risques en confiant ses personnages à ces deux pros du métier. Avec un résultat qui doit certainement lui plaire, car « Astérix chez les Pictes » ressemble à s’y méprendre aux autres albums d’Astérix. Au niveau du dessin, Conrad imite à la perfection celui d’Uderzo, tandis qu’au niveau du scénario, Ferri fait vraiment de son mieux pour être à la hauteur du grand Goscinny. Il multiplie les jeux de mots et les calembours, et il respecte à la lettre tous les codes propres à la série: l’ambiance du village gaulois, les disputes légendaires entre Astérix et Obélix, les allusions à l’époque contemporaine, sans oublier bien sûr le banquet final. A l’image de ce que Goscinny avait réussi avec les Bretons, les Normands ou les Helvètes, Ferri tape également dans le mille avec les Pictes (les ancêtres des Ecossais), des personnages plutôt savoureux. En particulier Mac Oloch, dont les traits font penser à ceux d’Oumpah-Pah, un autre personnage célèbre imaginé par Uderzo et Goscinny. Bref, « Astérix chez les Pictes » a tous les atouts pour plaire aux amateurs d’Astérix. Cette aventure écossaise s’avère même bien meilleure que la plupart des albums scénarisés par Uderzo, en particulier les tout derniers, dont certains avaient été particulièrement décevants. Cela dit, on est loin du génie et de l’originalité des albums scénarisés par Goscinny. Certes, Conrad et Ferri marchent habilement dans les traces des créateurs d’Astérix, mais on aurait aimé que ces deux auteurs chevronnés bénéficient d’un peu plus de marge de manoeuvre et apportent davantage de leur propre personnalité au petit Gaulois. Un peu à l’image de ce qu’Alain Chabat avait réussi au cinéma avec « Mission Cléopâtre », un film basé sur les aventures d’Astérix, mais avec un ton et une identité bien à lui… et surtout bien plus moderne. Conrad et Ferri ont choisi, quant à eux, la voie de la fidélité absolue à l’oeuvre originale, ce que l’on ne peut que regretter dans la mesure où tous deux ont prouvé par le passé qu’il s’agit pourtant d’auteurs très créatifs. Normalement, le premier tirage de 5 millions d’exemplaires d’Astérix chez les Pictes devrait donc pouvoir se vendre sans peine, mais ce n’est pas pour autant que ce premier album signé Conrad et Ferri restera gravé dans les mémoires des bédéphiles.
Je trouve qu’il est important que les auteurs respectent les codes de la série sans trop jouer avec. Je trouve que les ingrédients sont suffisants pour générer de petits bijoux humoristiques. Goscinny l’a prouvé ! Au plaisir de te relire…
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