La suite un peu pâle de « La marque jaune »
Poster un commentaire30 décembre 2013 par matvano
L’onde Septimus (Jean Dufaux – Antoine Aubin – Etienne Schréder – Editions Blake et Mortimer)
Et encore un nouvel auteur pour Blake & Mortimer! En signant « L’onde Septimus », le 22ème album de la série, le scénariste à succès Jean Dufaux vient s’ajouter à la liste de plus en plus longue des dessinateurs et des scénaristes ayant travaillé sur les aventures du célèbre duo britannique créé par Edgar P.Jacobs en 1946. Quant aux dessins de cette nouvelle histoire, ils sont l’oeuvre du tandem Aubin-Schréder. Les deux hommes, qui avaient déjà réalisé ensemble le deuxième volet de « La malédiction des trente deniers », signent une nouvelle fois une partition parfaitement conforme à l’esprit de la série, mais hélas sans aucune personnalité. Aubin et Schréder font ce qu’on leur demande, à savoir « faire du Jacobs », en réservant leur propre style et leur propre sensibilité pour d’autres albums plus personnels. C’est regrettable, mais c’est compréhensible, étant donné que le premier tirage de ce tome 22 s’élève tout de même à 500.000 exemplaires… Dufaux aussi « fait du Jacobs ». Pour son arrivée dans la famille des auteurs de Blake & Mortimer, le scénariste de « Djinn » ou de « Murena » n’hésite d’ailleurs pas à s’attaquer à l’album sans doute le plus mythique de la série: « La marque jaune ». « L’onde Septimus » se situe en effet dans le Londres des années 50, quelques mois seulement après les événements relatés dans « La marque jaune », et en constitue en quelque sorte la suite (mieux vaut d’ailleurs relire « La marque jaune » avant de lire cet album-ci, histoire d’être sûr de tout bien comprendre). Alors que les habitants de Londres croient être débarrassés pour de bon des ondes néfastes du professeur Septimus, une poignée de personnages malveillants complote pour relancer les recherches sur ces fameuses ondes permettant de prendre le contrôle mental de ses interlocuteurs. Pour ne rien arranger, le professeur Mortimer décide lui aussi de travailler sur la question, sans en avertir son ami Blake, et récrée à l’identique le laboratoire pourvu d’un télécéphaloscope du professeur Septimus. Evidemment, la situation ne va pas tarder à dégénérer, la ville de Londres se retrouvant même envahie par une armée de clones de Septimus, tous habillés d’un chapeau melon et d’un parapluie noir, un clin d’oeil de Dufaux aux tableaux de Magritte. Sans surprise, le colonel Olrik, l’éternel rival de Blake et Mortimer, est lui aussi de la partie, tandis qu’il est même question d’extra-terrestres. Bref, Dufaux ne ménage pas sa peine pour faire de cette « onde Septimus » un digne successeur de « La marque jaune ». Malheureusement pour lui, son récit ne parvient jamais véritablement à passionner le lecteur, ni à décoller pour de bon, notamment à cause du côté très figé et récitatif de ce fameux style « jacobsien » que Dufaux, Aubin et Schréder veulent respecter à tout prix, mais dans lequel ils ne parviennent pas totalement à insérer leurs propres ingrédients. D’où la question fondamentale: est-ce que cela a vraiment un sens de faire en 2013 un album de BD comme si nous étions encore dans les années 50? D’un point de vue commercial, la réponse est clairement oui. D’un point de vue artistique, c’est beaucoup plus discutable.