Davodeau fait du Louvre un personnage de BD
116 janvier 2014 par matvano
Le chien qui louche (Etienne Davodeau – Editions Futuropolis)
Tous les tableaux ont-ils leur place au Louvre? C’est la question philosophique posée par « Le chien qui louche », le nouveau roman graphique d’Etienne Davodeau. Après avoir croisé les mondes de la bande dessinée et de la vigne dans la BD-documentaire « Les ignorants », Davodeau revient à la fiction et signe une histoire très drôle sur un gardien du Louvre qui subit la pression de sa future belle-famille pour faire en sorte qu’une horrible croûte représentant un chien qui louche se retrouve accrochée à l’un des murs du célèbre musée parisien. Ce gardien, c’est Fabien. Il est fier de son métier, qu’il exerce avec plaisir, même s’il en a marre de devoir indiquer plusieurs dizaines de fois par jour où se trouve la Joconde. Il se demande aussi pourquoi la Victoire de Samothrace est photographiée chaque jour des milliers de fois, alors qu’elle est déjà représentée « des millions de fois dans des milliers de livres dans le monde entier ». Malgré cela, il tient à son métier (et à son Louvre) plus que tout, et ne supporte pas quand sa copine Mathilde ose se moquer de son rôle de gardien de musée. Il faut dire que Mathilde vient d’une famille où le seul métier qui compte vraiment, c’est celui de fabricant de meubles. C’est ce que découvre Fabien lorsque Mathilde l’amène près d’Angers pour le présenter à sa famille, le clan Benion, composé du père Louis, des deux frères Maxime et Joseph, à l’humour assez peu subtil, et enfin du grand-père un peu gâteux mais très sentimental. Lorsque les Benion apprennent que Fabien travaille au Louvre, ils lui montrent l’affreux tableau peint par leur aïeul Gustave Benion au XIXe siècle et insistent lourdement pour qu’il fasse en sorte que ce fameux « Chien qui louche » ait sa place sur les cimaises du musée du Louvre. Cela ferait tellement plaisir au grand-père! Peine perdue, se dit Fabien, sans se douter que la mystérieuse « République du Louvre » va venir lui donner un coup de main inattendu. Le succès du scénario très original imaginé par Etienne Davodeau repose en grande partie sur des personnages hauts en couleurs et parfois un peu bizarres. Mais le personnage le plus intéressant du « Chien qui louche » est incontestablement le musée du Louvre lui-même, dont les oeuvres sont magnifiquement représentées par l’auteur et jouent un rôle essentiel dans son récit. On imagine d’ailleurs que Davodeau a dû passer de très longues heures au Louvre et qu’il a sans doute dessiné quelques-unes des planches de l’album au sein même du musée. Une fois la BD achevée, on n’a d’ailleurs qu’une seule envie: se rendre au Louvre pour admirer les magnifiques sculptures et peintures qu’il abrite, ainsi que la collection de meubles anciens, face à laquelle même les frères Benion sont bouche bée d’admiration. A noter que « Le chien qui louche » est coédité par Futuropolis et les éditions du Louvre. Si leur objectif était de faire la promotion du musée, c’est réussi!
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