Une BD inoubliable sur la maladie d’Alzheimer
223 janvier 2013 par matvano
La tête en l’air (Paco Roca – Editions Delcourt)
Oui, la BD peut être utile. Oui, la BD peut faire avancer un débat de société. « La tête en l’air », de l’auteur espagnol Paco Roca, en apporte la preuve éclatante. Publié une première fois en 2007 sous le titre « Rides », ce roman graphique sur la maladie d’Alzheimer n’avait, à l’époque, pas connu le succès mérité. Heureusement, Delcourt a eu la très bonne idée de profiter de la sortie au cinéma d’un film d’animation tiré de cette histoire pour la republier sous le titre plus évocateur de « La tête en l’air » (qui est aussi le titre du film). Espérons que cette fois, le livre trouvera son public car Paco Roca a vraiment su adopter le ton juste pour aborder des sujets aussi délicats que les maisons de repos, la sénilité ou la vie sexuelle et affective des personnes âgées. Des sujets tabous, alors qu’ils devraient pourtant être incontournables vu le vieillissement de la population dans nos pays. « La tête en l’air » raconte la lente et inévitable déchéance d’Ernest, un ancien directeur de banque que ses enfants ont placé dans un home parce qu’ils ne parviennent plus à s’en occuper et qu’il commence à perdre la tête. Des enfants qui, comme la plupart des personnes actives ultra-branchées et ultra-occupées que nous sommes tous, ne viendront quasiment jamais voir leur papa dans son nouveau lieu de vie, même s’ils lui promettent pourtant le contraire. Paco Roca utilise habilement le personnage central d’Ernest pour nous raconter la vie quotidienne dans une maison de retraite. Un univers qui n’a rien de réjouissant! En gros, le « métro boulot dodo » y est remplacé par le « tv repas dodo », tandis que la monotonie des jours n’y est que trop rarement rompue par des difficiles séances de psychomotricité (le simple fait de se lancer une balle se transforme en sport de haut niveau pour certains pensionnaires) et une partie hebdomadaire de bingo (mais encore faut-il se souvenir des numéros). Paco Roca a passé beaucoup de temps dans des maisons de retraite pour préparer son histoire, et ça se sent: les scènes qu’il raconte sont vivantes et crédibles, tandis que ses personnages sont tour à tour attachants, drôles, dérangeants, émouvants. Pour le dire en un mot, ils sont vrais. « La tête en l’air » est donc une BD inoubliable… ce qui est tout de même un comble pour un livre sur la maladie d’Alzheimer!
La bande-annonce du film:
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[…] que Florent croit apercevoir partout, est une formidable trouvaille graphique. Quelques mois après « La tête en l’air » de Paco Roca, « Ceux qui me restent » aborde la maladie d’Alzheimer […]