Le Vel d’Hiv, lieu de drames et d’exploits
Poster un commentaire2 février 2013 par matvano
L’Ecureuil du Vel d’Hiv (Christian Lax – Editions Futuropolis)
Christian Lax aime le vélo. Pas celui de Lance Armstrong ou de Richard Virenque, dans lequel les scandales de dopage ont pris le dessus sur les exploits sportifs, mais le vrai vélo, un sport impitoyable fait de souffrances et de joies immenses. Ce vélo-là, c’est celui des temps héroïques des premiers Tours de France (dans le magnifique « L’Aigle sans orteils »), celui des pavés de l’Enfer du Nord (dans « Pain d’alouette »), mais aussi celui des terribles courses de six jours, qui sont au centre de « L’Ecureuil du Vel d’Hiv », troisième volet de la trilogie cycliste de Lax. On y suit les aventures tragiques de la famille Ancelin pendant l’Occupation à Paris. Sam Ancelin, le frère aîné, est un as des courses sur piste. Le principal lieu de ses exploits, c’est le vélodrome d’hiver, le Vel d’Hiv, resté tristement célèbre dans l’Histoire parce que la police française y a regroupé des milliers de Juifs le 16 juillet 1942 avant de les envoyer vers les camps de la mort allemands. Depuis lors, quand on dit Vel d’Hiv, on pense automatiquement à cette rafle honteuse pour la France. Mais avant cet épisode dramatique, l’endroit était un lieu particulièrement apprécié par le peuple de Paris, qui venait y acclamer ses héros, tels que Sam, « l’écureuil du Vel d’Hiv ». Sam est aussi le héros d’Eddie, son petit frère, infirme de naissance. Eddie est considéré comme un bon à rien par son père, le docteur Serge Ancelin, mais il va lui prouver qu’il a tort en s’imposant comme un journaliste de talent et de courage puisqu’il n’hésite pas à écrire des articles fortement antinazis dans la presse résistante. Des articles qu’il signe du nom de… l’Ecureuil. Les parents de Sam et Eddie suivent, eux, des parcours diamétralement opposés: le père passe ses nuits à jouer aux cartes avec des officiers allemands, tandis que la mère fait partie d’un réseau clandestin d’aide aux Juifs. On s’en doute: tout cela ne va pas bien se terminer… Dans ce récit d’une grande intensité, Christian Lax illustre brillamment les comportements très différents que chacun d’entre nous peut adopter en temps de guerre ou d’occupation. « Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d’un troupeau, s’il fallait plus que des mots? », chante Jean-Jacques Goldman dans sa chanson « Né en 17 à Leidenstadt ». C’est un peu le thème de cet album, qui s’adresse à un public bien plus large que les seuls amateurs de vélo et d’Histoire.