Qui a vraiment provoqué l’incendie de Rome?
116 juin 2013 par matvano
Murena chapitre neuvième: Les épines (Jean Dufaux – Philippe Delaby – Editions Dargaud)
Les nombreux amateurs de Murena attendaient ce moment depuis longtemps: voici donc enfin le tome 9 de la série (« Les épines »), trois ans déjà après la sortie du tome 8 (« Revanche des cendres »). Pour rappel, l’épisode précédent mettait en scène le dramatique incendie de la ville de Rome sous le règne de l’empereur Néron, en juillet 64. Un incendie que l’Histoire attribue souvent à Néron lui-même, mais qui, dans la BD de Dufaux et Delaby, est provoqué accidentellement par Lucius Murena. Rongé par la culpabilité, celui-ci se démène depuis lors sans compter pour aider ceux qui ont tout perdu et participe activement à la reconstruction de la ville. Dans le même temps, Néron a lui aussi quelques remords mais cela ne l’empêche pas de laisser libre cours à sa folie des grandeurs: s’extasiant devant des maquettes de « sa » cité, il imagine déjà la « nouvelle Rome », une ville qui renaîtra de ses cendres « plus glorieuse que jamais ». Mais avant de réaliser ce rêve fou, l’empereur doit d’abord calmer la colère du peuple romain, car celui-ci gronde en attendant la désignation des coupables de l’incendie. Cela tombe bien pour Néron: on lui sert sur un plateau d’argent des boucs émissaires parfaits, à savoir les chrétiens. Comme l’explique un soldat romain à (Saint) Pierre, un Galiléen qui a connu « le charpentier » et qui est l’un des personnages principaux de cet album, « César a décidé de nettoyer Rome d’une secte immonde qui adore un poisson, des Juifs qui ont subi l’ascendant d’un mage en Judée ». Pierre lui-même paiera cette chasse aux chrétiens de sa vie, de même que la plupart de ses compagnons. D’où le titre « Les épines », qui fait évidemment référence aussi à Jésus. Cette persécution des premiers chrétiens est clairement l’épisode le plus marquant de ce neuvième chapitre, d’autant plus que, comme d’habitude, le dessin de Philippe Delaby est d’un réalisme et d’une précision hors du commun, y compris pour mettre en images la pénible agonie de Pierre. Pour le reste, ce nouveau tome semble surtout être un album de transition vers un nouveau cycle: Dufaux se débarrasse en effet des gladiateurs Massam et Balba, il fait de la belle Claudia la nouvelle compagne de Murena et il donne un plus grand rôle à deux personnages peu reluisants dont on imagine qu’on va encore entendre parler dans les tomes suivants: le fourbe Tigellin et son affreux comparse qu’on appelle le Besogneux. Est-ce suffisant pour répondre à la longue attente des amateurs de Murena? Sans doute pas tout à fait, même si ceux-ci apprécieront comme d’habitude le dessin parfait de Delaby et le goût habituel de Dufaux pour les intrigues, les batailles sanglantes et les scènes osées. A noter que « Les épines » est à ce niveau un peu plus « soft » que certains autres albums de la série (quoique) mais Dufaux et Delaby promettent pour la fin de l’année une version de l’album « non censurée ». Une manière pour les deux auteurs de contourner la demande d’Apple de retirer de l’iPad « tout contenu jugé pornographique ». La série Murena fait effectivement partie des 1.500 titres que le diffuseur de bandes dessinées numériques Izneo a dû retirer de son catalogue sous peine de voir son application supprimée de l’App Store.
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