Blake et Mortimer sur les traces de Lawrence d’Arabie

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3 janvier 2013 par matvano

Le serment des cinq Lords

Blake et Mortimer tome 21: Le serment des cinq Lords (André Juillard – Yves Sente – Editions Blake et Mortimer)

Le parcours éditorial de Blake et Mortimer a quelque chose de très étonnant. D’une part, les aventures des deux flegmatiques héros britanniques sortent à un rythme beaucoup plus régulier depuis la mort de leur créateur Edgar P.Jacobs en 1987 (9 albums sont parus depuis 1996) et d’autre part, la série semble aujourd’hui plus populaire que jamais. La preuve: le premier tirage en France du « serment des cinq Lords » est de 450.000 exemplaires, ce qui est énorme! Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la copie a donc désormais plus de succès que l’original, ce qui est tout de même assez rare pour être souligné… Il faut dire que les différents auteurs qui ont redonné vie au capitaine Blake et au professeur Mortimer ont tous beaucoup de talent. Jean Van Hamme et Ted Benoit, par exemple, avaient vraiment fait de l’excellent travail sur « L’affaire Francis Blake » et « L’étrange rendez-vous », deux albums presque meilleurs encore que ceux de Jacobs au sommet de son art. Mais Ted Benoit est un dessinateur qui a besoin de temps, beaucoup de temps même, pour finir un album. En parallèle, l’éditeur a donc chargé un autre duo d’auteurs, composé du scénariste Yves Sente et du dessinateur André Juillard, de produire d’autres aventures de Blake et Mortimer. Avec succès, puisque cela a donné des albums plutôt réussis tels que « La machination Voronov » ou « Les sarcophages du sixième continent ». C’est à nouveau le duo Sente-Juillard qui est aux manettes de ce 21ème tome, qui nous plonge à Oxford au milieu des années 50. L’Ashmolean Museum de la célèbre cité universitaire, dans laquelle le professeur Mortimer a été invité pour un séminaire, est le théâtre de vols mystérieux et extrêmement ciblés (un violon sans trop de valeur, un vase grec,…). Des actes a priori dénués de sens. Dans le même temps, le capitaine Blake se rend à l’enterrement de Lord Pitchwick, un ancien camarade d’université, qui vient de décéder dans des circonstances assez troubles. Peu après, c’est Lord Toddle, un autre de ses vieux amis, qui est retrouvé assassiné. By Jove, tout ça n’est pas net! Et effectivement, on ne va pas tarder à se rendre compte que tous ces événements bizarres sont bel et bien liés, avec en toile de fond le légendaire Thomas Lawrence, entré dans l’Histoire sous le nom bien plus romantique de « Lawrence d’Arabie ». C’est ce personnage mythique, devenu immortel grâce au cinéma, qui va faire resurgir des éléments plutôt inattendus dans le passé que l’on croyait sans taches du si brave et loyal capitaine Blake! Bien dessiné, bien documenté, « Le serment des cinq Lords » est en tous points fidèle à l’image que l’on se fait de Blake et Mortimer. Mais c’est précisément là aussi que le bât blesse: à force de vouloir trop bien faire, Sente et Juillard finissent par être trop lisses, trop sages… et surtout trop prévisibles. Certaines ficelles du scénario sont vraiment grosses comme des maisons. Yves Sente a beau faire beaucoup d’efforts, il n’a pas (encore?) le talent de conteur d’un Jacobs ou d’un Van Hamme. Il lui manque ce petit brin de génie, de fantaisie et de personnalité qui fait la différence entre un très bon livre et un chef d’oeuvre. Quant à Juillard, qui est un immense dessinateur (il suffit de relire « Le cahier bleu » ou « Plume aux vents » pour s’en rendre compte), on ne peut que regretter de le voir imiter les traits d’un autre plutôt que de poursuivre un travail plus personnel. Mais évidemment, puisque le succès est au rendez-vous, on ne peut lui donner tort… Car comme le dirait le professeur Mortimer (tout en tirant sur sa pipe): « vox populi, vox Dei ».

3 réflexions sur “Blake et Mortimer sur les traces de Lawrence d’Arabie

  1. […] jamais? C’est manifestement le cas aussi dans la bande dessinée: après la résurrection de Blake et Mortimer, voici le retour d’un autre personnage mythique de la BD franco-belge des années 50 et 60: […]

  2. […] machination Voronov », « Les sarcophages du 6ème continent » et « Le serment des cinq Lords ». La particularité de ce nouvel album est que son action se situe juste avant le début du […]

  3. […] l’identique les codes et les personnages d’une série, comme cela s’est fait pour Blake & Mortimer, Lucky Luke ou Astérix, par exemple. La seconde est de tout reprendre à zéro, en donnant carte […]

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