I.R.S. Team tome 1: Football connection (Stephen Desberg – Marc Bourgne – Editions du Lombard)

Le football est un sujet qui inspire bon nombre d’auteurs de BD. Tout récemment, le jeune dessinateur Bruno Dequier a ainsi fait naître le personnage de Louca, un footballeur plutôt maladroit, dans les pages du journal de Spirou. Les bédéphiles plus nostalgiques se souviennent quant à eux des exploits footballistiques d’Eric Castel, imaginé par Raymond Reding à la fin des années 70. Dans « I.R.S. Team », une spin-off de la série à succès « I.R.S. » créée par Vrancken et Desberg en 1999, le prolifique scénariste Stephen Desberg s’intéresse lui aussi au football, mais sous un tout autre angle. Dans « Football connection », le premier tome de cette nouvelle série, il n’est question ni de beaux buts ni de victoires glorieuses, mais d’un plongeon dans les coulisses peu reluisantes du sport le plus populaire au monde. A l’image du football-business moderne, il est ici avant tout question de gros sous, de transferts de joueurs, de matches truqués et de dopage. Le quatrième de couverture de l’album annonce d’ailleurs clairement la couleur: « Le football est un sport d’équipe. Une équipe constituée d’agents tout-puissants maniant contrats et commissions opaques, de médecins capables de rendre les produits dopants indécelables, de wags (épouses et petites amies de joueurs) expertes pour épingler les vedettes, de sociétés de paris, de cadres corrompus… » Le décor est planté, le match peut commencer! Il va opposer un réseau criminel international, capable de décider aussi bien du résultat d’un match que de la désignation du pays hôte de la prochaine coupe du monde, à une petite équipe d’enquêteurs de choc dirigée par Larry Max, le héros de la série « I.R.S. », un spécialiste de la lutte contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent. Dessiné de manière fluide et efficace par Marc Bourgne, qui s’était déjà fait remarquer il y a quelques mois en participant à la nouvelle mouture de Michel Vaillant, « I.R.S. Team » fait un peu penser à un téléfilm ou à une série américaine. Ce n’est pas du grand art et cela ne restera sans doute pas dans les annales, mais c’est suffisamment rythmé et divertissant pour que le lecteur se laisse totalement prendre par l’histoire et ait envie de connaître la suite. A un an de la prochaine coupe du monde au Brésil, on se réjouit par ailleurs de voir des auteurs de BD oser s’attaquer à la dérive de plus en plus inquiétante du football professionnel, un sport dans lequel l’argent a désormais tendance à éclipser tous les autres aspects. L’attribution de l’organisation de la coupe du monde 2022 au Qatar, au détriment de toute logique environnementale, sociale et sportive, n’en constitue-t-elle pas la meilleure des preuves? En dénonçant ce type de magouilles, « I.R.S. Team » dépasse le simple divertissement.